Une semaine sur la Terre
Comme beaucoup d’humains sur cette planète, je me sens particulièrement concerné par les nombreux défis environnementaux que l’humanité doit relever au plus tôt afin de préserver l’habitabilité de son cadre de vie.
J’ai donc écrit et publié sur Facebook quelques chroniques sur ce thème à raison d’une par semaine. https://www.facebook.com/UneSemaineSurLaTerre/?modal=admin_todo_tour
Mais ayant par ailleurs beaucoup d’occupations professionnelles et personnelles plus contraignantes, je n’ai pas réussi à maintenir ce rythme.
Il m’était difficile de résister à la pression des millions de manifestants qui réclamaient mes chroniques à corps et à cri partout dans le monde. Mais j’ai choisi de rester ferme. J’écrirai d’autres chroniques sur ce registre occasionnellement.
Bonne lecture.
5 octobre 2018
4 MONSANTO
Monsanto et glyphosate.
Deux mots magiques qui évoquent de superbes images d’apocalypse, qui créent du lien social en alimentant les conversations, deux mots qui nous font rêver d’une Terre à nouveau vierge et désertique, enfin débarrassée de toutes les mauvaises herbes et de tous les êtres vivants qui en souillent la surface. Monsanto est une multinationale quasiment héroïque dans sa recherche mystique du profit sans limites, débarrassée des pesantes et stériles entraves de l’éthique et de l’empathie. Comment ne pas admirer sa volonté tenace d’offrir un cancer personnalisé à tous les habitants de la Terre ? Ou son ambition de composer le pesticide ultime capable de décimer avec la même efficacité les micro-organismes argentins et les agriculteurs charentais ? Monsanto est l’incarnation du proverbe soufi (ou marseillais, en fait, je ne sais pas trop de quelle tradition il provient) : « Le chemin, c’est tombé sept fois et se relever huit ». Le glyphosate qui effraie tant d’êtres humains égoïstement obnubilés par la préservation de la vie, n’est pas le premier concentré de mort inventé par Monsanto.
En 1949, une superbe explosion d’usine en Virginie blesse 200 ouvriers en leur permettant de s’hydrater la peau avec de l’herbicide 2,4,5-T de Monsanto. Il s’est avéré qu’il contenait de la dioxine, substance dont Monsanto savait depuis 1938 qu’elle était merveilleusement toxique et cancérigène. Pour en exploiter à fond les bienfaits destructeurs, Monsanto a continué à le répandre sur le monde en échange d’argent jusqu’à son interdiction dans les années 70.
2001 : 3600 habitants d’Aniston en Alabama, attaquent lâchement Monsanto pour une contamination aux PCB. Selon l’Agence de Protection de l’Environnement, Monsanto a déversé gratuitement pendant 40 ans, avec une générosité totalement désintéressée, sans rien attendre en retour, des dizaines de milliers de tonnes de déchets contaminés dans un ruisseau et une décharge à ciel ouvert, au coeur du quartier noir de la ville.
2007 : 77 habitants de Virginie profitent d’avoir un cancer pour accuser la compagnie avec une brutalité sournoise d’avoir diffusé « illégalement » de la dioxine dans les environs de l’usine Nitro dirigée par Monsanto de 1934 à 2000.
Des milliers de pages estampillées « lire et détruire » montrent que Monsanto sait depuis des décennies qu’elle diffuse et vend des produits toxiques pour l’homme et la nature. Ceux qui accusent l’entreprise d »inconscience » sont donc totalement dans l’erreur ! Bim !
D’après le Washington Post, « en 1966, des responsables de l’entreprise avaient découvert que des poissons immergés dans ce ruisseau (un ruisseau proche d’Anniston) se retournaient sur le dos en moins de dix secondes, pissant le sang et perdant leur peau comme s’ils avaient été bouillis vivants. Ils ne l’ont dit à personne ».
1975 : une étude menée par Monsanto révèle que le PCB provoque des tumeurs chez le rat. La multinationale décide d’en changer les conclusions, de « légèrement tumorigènes » à « n’apparaît pas cancérigène ». « Nous ne pouvons nous permettre de perdre un seul dollar » : ainsi se conclut avec sagesse l’un des mémos consultés par The Washington Post.
C’est une nouvelle preuve de l’admirable prudence de Monsanto et de sa finesse psychologique : elle avait bien compris que les écolos fanatiques et autres allergiques au poison, seraient incapable de comprendre leur démarche.
2002 : Monsanto a finalement été jugée coupable d’avoir pollué « le territoire d’Anniston et le sang de sa population avec les PCB ». La firme a été condamnée à payer 700 millions de dollars de dommages et intérêts et à assurer le nettoyage de la ville.
Bien que cette amende puisse paraitre excessive, il faut mettre au crédit de la justice américaine une certaine clémence : aucune peine de prison n’a été retenue contre les responsables de l’entreprise. Ouf.
Février 2007 : The Guardian révèle que le géant agrochimique a joyeusement appliqué les mêmes méthodes sur plusieurs sites en Grande-Bretagne entre 1965 et 1972. Le quotidien a eu accès à un rapport gouvernemental montrant que 67 produits, dont l’agent orange, la dioxine et des PCB, ont été identifiés dans une carrière au pays de Galles. En France, la fabrication et l’utilisation des PCB sont interdites depuis 1987.
Un autre exemple de la totale cohérence de Monsanto : même traitement partout, pour tout le monde !
1987 : la justice américaine dérape une nouvelle fois en condamnant les sept producteurs de l’agent orange, parmi lesquels Monsanto, à verser 180 millions de dollars à un fonds de compensation destiné aux soldats américains intoxiqué par ce produit pendant la guerre du Vietnam. L’agent orange était un dérivé de l’herbicide 2,4,5-T de Monsanto. Il avait été utilisé comme arme chimique pendant cette guerre contre la vermine bolchévique. On pourra dire ce qu’on voudra mais cette arme était sacrément efficace : elle provoque encore aujourd’hui des malformations.
1990 : Le National Research Council , sans doute mue par des jalousies et autres rivalités mesquines, confirme que les études utilisées par Monsanto pendant le procès étaient falsifiées. Les études de Monsanto « souffraient d’erreurs de classification entre les personnes exposées et non exposées à la dioxine, et qu’elles avaient été biaisées dans le but d’obtenir l’effet recherché ».
Du pinaillage maniaque pour quelques vagues approximations…
1975, l’entreprise lance sur le marché Roundup, un herbicide très puissant présenté comme « biodégradable » et « bon pour l’environnement ».
1996 : le procureur de New York condamne Monsanto à une amende de 50 000 dollars et au retrait des mentions jugées mensongères.
Janvier 2007 : la firme est condamnée en France pour les même motifs à 15 000 euros d’amendes.
Roundup est aujourd’hui l’herbicide le plus vendu au monde.
10 août 2018 : Un jury populaire de San Francisco condamne notre multinationale chouchou à verser 289 millions de dollars au jardinier de 46 ans Dewayne Johnson atteint d’un cancer du système lymphatique en phase terminale et à reconnaître que ses produits -le Roundup et le Ranger Pro- sont responsables de sa maladie.
Voilà ce que ça donne quand on donne le pouvoir au peuple ! Vous confieriez un lance-flamme à des enfants ? Bon ben alors ?
13 février 2012 : la justice française condamne Monsanto à indemniser Mr Paul François, un agriculteur qui ne peut plus travailler qu’à mi-temps (maux de tête, fatigue chronique) suite à l’utilisation de l’autre herbicide star de Monsanto, le Lasso. Son système nerveux central aurait été gravement endommagé. Mais qu’est-ce qui nous prouve qu’il n’avait pas fait des inhalations de Lasso ? Ou qu’il ne s’en était pas servi pour faire des cupcakes ? Très souvent, les agriculteurs ne respectent pas les précautions d’emploi.
Alors après, faut pas venir se plaindre.
Jugé dangereux, cet herbicide est interdit au Canada depuis 1985, en Belgique et au Royaume-Uni depuis 1992 et en France depuis 2007 (il avait été autorisé le 31 décembre 1968). Monsanto continue de se fier à sa petite voix intérieure et sait bien qu’il faut qu’elle s’entête.
Les Etats-Unis sont le seul pays qui respecte la Liberté avec un grand L : celle de polluer et de porter des armes. Au début des années 1990, Monsanto commercialise son premier produit issu des biotechnologies : Posilac, l’hormone de croissance bovine recombinante (rBGH), une hormone transgénique destinée à augmenter la lactation des vaches de près de 20 %. L’hormone entraîne des mammites, des inflammations de la mamelle, qui contraignent les éleveurs à traiter leurs vaches avec des antibiotiques, dont on retrouve ensuite la trace dans le lait. Ce produit miracle est aujourd’hui interdit partout, sauf aux Etats-Unis.
2010 : Monsanto accepte de payer 2,5 millions de dollars d’amende pour avoir vendu du coton OGM non autorisé. L’Agence de protection de l’environnement (EPA) reproche à l’entreprise d’avoir violé la législation lui interdisant de vendre des cotons génétiquement modifiés dans certaines régions du Texas, où ces variétés étaient prohibées par crainte d’une résistance aux pesticides.
Mais heureusement cher lecteur, ça n’a pas empêché Monsanto de produire 90 % des OGM de la planète ! C’est qui le BOSS ?! Et le boss, faut pas l’chercher : Monsanto poursuit des centaines de paysans pour des utilisations frauduleuses de ses semences brevetées – c’est à dire qu’elle les accuse de les avoir replantées. Même si c’est le vent qui a fait l’coup. Eh oui, le vent ne peut pas payer d’amende, alors on va pas chipoter !
Tout ce qui précède n’est qu’un petit aperçu des nombreuses avanies, scandales, procès perdus, accusations par des citoyens, des journalistes et des scientifiques subies par Monsanto.
Monsanto affronte courageusement toutes ces épreuves avec ses faibles armes : des millions de dollars, des armées d’avocats, des scientifiques corrompus, la menace, le mensonge, le chantage, la diffamation, le harcèlement.
Reconnaissons-lui au moins les mérites de la ténacité et d’une géniale sournoiserie destructrice comme l’humanité en rarement connu !
Ne cédons pas aux sirènes des idéalistes qui voudraient que soit institué le crime d’écocide, crime contre la Terre !
A quoi ressemblerait un monde où les actionnaires, les Etats et les PDG pourraient être condamnés pour avoir délibérément dévasté le climat, le sol ou la mer par appât du gain ou par lâcheté ?
Est-ce que vraiment nous voulons condamner ces élites qui guident les enfants que nous sommes vers un avenir meilleur ?
Sommes-nous tombés à ce niveau d’ingratitude ?
Voulons-nous priver ces personnes physiques ou morales des milliards de dollars indispensables à leur vie quotidienne et si durement gagnés ?
Est-ce ce si important que nos enfants puissent jouir d’une Terre peuplée d’oiseaux, d’animaux et de poissons ?
Qu’ils puissent échapper à des guerres provoquées par le rejet des réfugiés climatiques ? Manger du miel, des fruits et des légumes variés ? Se baigner dans la mer ? Respirer sans masque ?
Résistons à la tentation de nous unir pour écraser les prédateurs monstrueux qui dévorent notre monde.
#LeaveTheMonstersAlone
#LetTheMotherfuckersDestroyTheWorld
#NousVoulonsDesCoquelicots
#Monsanto #Glyphosate
https://www.lemonde.fr/planete/article/2012/02/16/monsanto-un-demi-siecle-de-scandales-sanitaires_1643081_3244.html
https://www.consoglobe.com/jardinier-proces-monsanto-cg
https://www.endecocide.org/fr/
3 CASH INVESTIGATION
20 septembre 2018
Encore sous le choc de la démission de Nicolas Hulot et de la mort de Jeanne d’Arc par cuisson au feu de bois, alors que Jeanne et moi, on n’a jamais été franchement proches, j’ai regardé avec avidité le dernier opus de Cash Investigation. Certaines mauvaises langues diront sans doute que je suis un tantinet longuet à me remettre des évènements contrariants. Mais la bave du scorpion n’atteint pas le blanc crapaud que je suis.
Ce numéro de Cash Investigation était consacré à notre célèbre ami/ennemi commun, « Fuckin’Mother Earth Fucker » plastique.
L’une des infos les plus divertissantes était la politique de Coca-Cola. Divertissante au point de transformer n’importe quel être humain un tant soit peu sensé en mini Hulk écumant de rage, animé d’une furieuse envie de massacrer du PDG de multinationale. Avec un sens des responsabilités confinant au masochisme, l’ entreprise productrice de la célèbre boisson qui permet de s’équiper en ulcères et obésité pour un coût éco-malin, a choisi en toute connaissance de cause, avec enthousiasme, de sauter à pieds joints sur l’équilibre écologique de notre planète, en abandonnant les bouteilles en verre consignées, lourdes mais propres, au profit des bouteilles en plastique qui sont devenues le repas préféré des poissons et de nos tumeurs domestiques.
Les journalistes ont retrouvé un scientifique, Arsen Darney, qui a réalisé un rapport* commandité par Coca-Cola au début des années 70 pour déterminer s’il était préférable écologiquement d’abandonner la bouteille en verre consigné ou de passer au plastique. La conclusion était que la bouteille en verre était largement préférable à celle en plastique et à la canette à la condition qu’elle soit réutilisée 15 fois. Coca-Cola a reçu le rapport, elle lui a donné un bon repas bien chaud, l’a étendu dans un grand lit confortable, lui a raconté une belle histoire puis l’a étouffé avec un oreiller.
Il faut voir Elise Lucet éviscérer du regard Michael Goltzman, le vice-président de Coca-Cola, notamment au moment où elle lui montre un autre rapport interne de 2016 écrit par une lobbyiste de Coca-Cola à Bruxelles, qui préconise de bloquer le renforcement du recyclage en Europe… Elle lui montre aussi de belles images des montagnes de plastique qui colonisent gaiement la Tanzanie où Coca-Cola s’apprête à abandonner la bouteille en verre recyclé encore en vigueur pour celle en plastique, si légère et si pratique.
Ça n’empêche pas Coca-Cola de financer des ONG qui font de grosses campagnes de pub pour dire globalement : « Bouh, les gens qui jetez vos ordures par terre plutôt que dans la poubelle, vous êtes des vilains méchants pas beaux ».
C’est vrai que c’est vilain.
Mais Coca-Cola, toi, tu dégurgites quotidiennement des montagnes de plastique dans les bouches de tous les êtres vivants de la Terre, y compris les enfants, les dauphins, et les chatons.
Ça aussi, c’est vilain.
Coca-Cola fait partie de ces multinationales qui pour augmenter leur profit, nous ont consciemment entraîné vers le rayonnant abime du Nouveau monde, si léger et si pratique.
Always money, Coca-Cola.
* Environmental impacts of Coca-Cola beverage containers
Aimer, c’est partager : https://www.facebook.com/UneSemaineSurLaTerre/?modal=admin_todo_tour
https://www.youtube.com/watch?v=wZT3drAYIzo&t=2s
#CashInvestigation #CocaCola #EliseLucet
2 – MANIFESTATION
14 septembre 2018
Vendredi dernier, on a marché pour le climat. Mais avant ça, on a attendu pour le climat, longtemps. Du coup, on a rissolé pour le climat sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris. On pouvait voir un genre de cerf-volant géant planer au-dessus de nous. C’était une sorte de grand voile noir, incarnation de la malédiction toxique que nous cherchions à conjurer. Au départ, il avait été prévu de faire voler un clown ricanant armé d’un grand couteau mais il s’est désisté au dernier moment pour un goûter d’anniversaire.
Au bout d’un moment, on s’est tous assis parce que les gens devant nous s’étaient assis.
Grâce à une sonorisation de haute précision, on a écouté des citoyens s’exprimer au micro et faire de grands discours : Ha… t…. u… ! Y… o… Terre… vu… l… k… n… INADMISSIBLE ! … ru… bn…
Très émouvant.
Des participants plus proches de la sono de haute précision ont levé les bras pour agiter des trucs en papier jaune.
C’était vraiment jaune.
A certains moments, on applaudissait parce que les gens devant nous applaudissaient.
Nous étions une foule assez bigarrée de touaregs (j’en ai vu quatre), de moustachus, de bobos, d’hommes en chemise hawaïenne, de tatoués barbus, d’enfants qui en bons propriétaires nous rappelaient à nos obligations de locataires en viager, de végan(e)s, d’insoumis(es), de zérodéchetistes, de plombier-chauffagistes (j’ai pas de preuves mais je suis sûr qu’il y en avait).
On était tous très différents mais il y avait quelque chose que nous partagions tous. Quelque chose qui faisait partie de notre vie à tous par-delà les différences sociales, les convictions ou les marques de spécialités fromagères préférées : le plastique.
Nous avions chacun un petit morceau de cette matière magique dans nos téléphones portables, dans le tissu de nos sacs, de nos portefeuilles ou de nos chaussettes, dans les boutons de nos chemises, pour contenir de l’eau minérale, autour des verres de nos lunettes ou au bout des lacets de nos chaussures qui nous servaient à marcher pour le climat.
Cette matière déclinée sous une forme infinie de compositions, de couleurs, d’usages et de formats constituait un immense lien unificateur tissé entre nous, manifestants cuits à l’énergie solaire, mais aussi entre les créatures des océans qui aiment tant se baffrer de bouteilles d’eau minérale désagrégées – les coquins gourmands – les kangourous d’Australie, les corbeaux à houpette ventrue du sud-est asiatique ou les PDG de multinationales.
Le plastique est un trait d’union fraternel entre tous les continents, les peuples, les éléments et les cotons-tiges de la Terre.
Cette marche pour le climat était donc aussi involontairement un hommage et un adieu au 2ème meilleur ami de l’Homme après l’Union Francaise Bucco-Dentaire.
Désolé plastique, tu nous as bien servi depuis 60 ans tout en nous empoisonnant tendrement au passage, mais il est temps de prendre ta retraite. Ce bon vieux verre, cet inusable Jean Gabin de l’emballage, recyclable à l’infini, le carton, cette inusable Sarah Bernardt de l’empaquetage, le papier, ce Patrick Poivre d’Arvor de l’enveloppage, le métal, le bambou, qui pousse plus vite que la plupart des autres trucs qui poussent très vite, le bois, le tissu, le vrac et tes cousins artificiels à base de matière végétale, vont te reprendre ton trône et t’éclater respectueusement ta sale face de traitre.
PS : Alors s’il vous plait, Lego et Playmobil, va falloir sérieusement activer la turbine à méninges.
1 DÉMISSION
7 septembre 2018
Il a démissionné. Nicolas Hulot, le Batman écologiste. Ça y est, tout est fini.
J’ai pleuré pendant des nuits et des nuits et j’ai tenté de me suicider en m’empalant sur un pieu en plastique recyclé. Mais il a cassé. Je me suis gavé de glaces véganes artisanales commerce équitable aux fraises de Bretagne biologiques et au sucre non raffiné de Camargue devant le DVD du documentaire : « L’homme, une espèce en voie d’extinction ». Cette fois, c’est ma balance qui a cassé. On est foutu. Si un ministre d’État riche et archi-célèbre jette la Bob l’éponge, alors moi, qu’est-ce que je peux faire ? Suis-je condamné à voir les abeilles remplacées par des robots de Bayer-Monsanto ? A me transformer chaque été en flaque de gras et de sel ? A voir les fascistes de tous les pays foutre le feu pour que les réfugiés climatiques ne leur volent pas leur chômage et leurs Playstations ? Nicolas Hulot, cet être supérieur mi-homme, mi-animateur télé, mi-gel douche, a fait l’aveu de son impuissance. Comme quoi, personne n’est tout puissant. Pas même Bill Gates ou Michel Drucker. Bien que je soupçonne ce dernier d’avoir percé les secrets de l’immortalité. Mais à bien y regarder, Nicolas Ushuaïalot n’aurait-il pas utilisé les techniques de kung-fu ancestrales apprises lors de son initiation par les moines Shaolin du Monastère Jackie Chan Unlimited Power Corp ? Il retourne la force de l’adversité contre elle-même. En acceptant son impuissance, il redevient puissant. Peut-être. Pour qu’on ait l’envie de relever les défis du présent : imposer la vente en vrac pour tous les produits, réapprendre aux citoyens à cuisiner, fabriquer et réparer un maximum de choses, passer aux véhicules à air comprimé, trouver comment recycler nos ordures au lieu de les donner à manger aux poissons et aux Africains, remplacer Trump par un Barack Obama dopé au Ginseng et aux huiles essentielles, boycotter Starbucks, MacDo et le Paradis des chinoiseries à 1 euro, harceler les multinationales, les députés et les Palais de l’Elysée par mail, téléphone ou pigeon voyageur, donner de l’argent aux agriculteurs et aux professeurs en échange des trucs qu’ils font, dégager Trump, ne plus manger de viande et de poisson ou très rarement, interdire à échéance toutes les saloperies qui polluent-détruisent-assassinent mais qui sont tellement-pas-chères-à-prix-tout-doux-et -qui-créent-de-l-emploi, arrêter de jeter nos mégots et notre plutonium par terre, inventer les produits du futur, comprendre que nous sommes des arbres parmi les arbres, dire non, dégager Trump, penser. Comprendre que personne, pas même Batman ou Cyril Hanouna, n’est tout-puissant mais que tout le monde est puissant. Peut-être que bizarrement, l’apocalypse est là pour nous rappeler cela : nous sommes puissants, nous avons tous une petite part de pouvoir, comme les abeilles, les pandas et les arbres.
De préférence les érables, parce qu’ils donnent du sirop super bon.